Une histoire qui s'est bien finie
Il y a des premières fois dont on se rappelle toute sa vie ; le premier client lorsqu'on démarre une activité fait partie de ses premières fois mémorables. Aussi, laissez-moi vous raconter ma première expérience de sophrologue. Je venais tout juste de m’installer et l’école où je m’étais formée me met en contact avec un institut toulousain bien connu qui cherchait une sophrologue pour animer des ateliers d'une heure le soir pour les résidents. Après échange assez succinct avec l'éducatrice en charge des animations du foyer, on convient que je viendrai faire un essai le mardi suivant à 20h30. Trop contente de ce premier engagement, je ne pose aucune question sur le public présent, le nombre de participants, le niveau de compréhension du groupe, première erreur de débutant.
En arrivant sur place le mardi suivant, mon cœur battait la chamade, mes mains étaient moites et c'était un mélange de grand enthousiasme et de crainte face à ce saut vers l'inconnu. Après quelques expulsions du négatif avec le souffle, je me sens enfin prête pour aller animer ma tout première séance de groupe.
Un groupe de 18 personnes
Arrivée sur place, je suis accueillie par Marine*, une personne adorable et pleine de dynamisme qui me dit avoir aménagé une salle de réunion en espace de relaxation et qu'on y sera très bien. Elle parle sans cesse et je devine qu'elle aussi est émue par ce démarrage d'activité. Elle est sans doute émue mais pas autant que moi quand je découvre la salle et le public qui s'y trouve : une salle immense, impersonnelle avec des sièges disparates et qui semblent peu confortables et surtout un trop grand nombre de participants. 18 personnes ! j’ai le temps de compter mentalement toutes les personnes présentes. En nous rendant à la salle, Marine m’a expliqué que le centre accueillait des personnes en situation de handicap physique ou psychique, des personnes ayant subi des traumatismes crâniens, des personnes souffrant d’addiction, des réfugiés… tout un public que je ne connais pas. La sagesse aurait dû me dicter d’arrêter là, mais je me lance (autre erreur) quand même malgré l’appréhension. J’essaie de présenter mon activité, quelques personnes écoutent et je me raccroche à elles tandis que Marine fait la loi auprès des plus bruyants, menaçant de les exclure. Quand un silence relatif est enfin installé et que tout le monde est plus ou moins assis, La séance peut enfin commencer. Mais, certains continuent à parler, d’autres se lèvent pour se faire un café, un des participants se met à recracher son café trop chaud et il est exclu immédiatement par Marine. Beaucoup ont l’air de se demander ce qu’ils font là et j’ai l’impression de faire de mon mieux mais que ce mieux-là, c’est vraiment très peu !
Une séance chaotique
La séance se termine et Marine, toujours très enthousiaste demande qui veut revenir la semaine suivante. Quelques personnes lèvent la main et elle annonce que la séance est reconduite la semaine suivante. Les participants partent. J’ai l’impression d’avoir été d’une nullité effarante, je me cacherai bien sous une table. Je me dis qu’une fois que tout le monde sera parti, Marine va me tomber dessus en critiquant ma séance mais curieusement elle a des mots très gentils et encourageants. Elle s’excuse presque de l’agitation des résidents (qui n’y sont pour rien) m’affirme que la séance lui a beaucoup plu et me dis en conclusion « on voit que vous avez l’habitude et que vous ne vous laissez pas impressionner »
Une immense satisfaction
Je ressors avec mon chèque en main. Peu importe que la somme soit ridiculement basse, c’est mon premier paiement en tant que sophrologue et j’en éprouve une fierté immense qui reste gravée à jamais dans mon cœur.
Épilogue
Après cette première séance, beaucoup d’autres ont suivi puisque je suis restée 2 ans dans cet institut en tant que sophrologue des ateliers du soir. C’était il y a plus de 10 ans mais j’en garde un souvenir ému avec des participants extraordinaires et fidèles qui trouvaient beaucoup de bien-être dans cette parenthèse sophrologie au milieu d’une vie souvent pleine de rudesse et d’obstacles.
Conclusion
Cette histoire finit bien et c'est tant mieux et c'est surtout grâce à la gentillesse de l'éducatrice qui m'a fait confiance et m'a permis de continuer. Mais combien de collaboration s'arrête au bout de la première séance ou combien de clients ne reviennent pas parce que la séance n'a pas répondu à leur attente.
Dans ce cas précis, 2 erreurs (au moins) auraient pu être évitées
Tout d'abord connaitre ses propres limites et ses capacités d'accompagnement ; en sophrologie, cela porte le nom de réalité objective. Qui peut-on accompagner dans le cadre de ces compétences ?
Ensuite connaitre les attentes des clients et des participants.
Devenue directrice de Soft, je me suis attachée à former les futurs relaxologues et sophrologues à devenir de véritables professionnels de l'accompagnement. Durant la formation, nosu enseignons comment poser les bonnes questions pour cerner les attentes des clients ou participants pour apprendre à reconnaitre certaines situations particulières qui demandent des adaptations des séances proposées.
Laurence, directrice de Soft
*le prénom a été changé
Retour